Vie,souvenirs et cuisine

     Cette cuisine était composée de deux cuisinières, un grand évier en pierre, de nombreux placards, une très grande table,une porte de service, un garde-manger sous la fenêtre, à côté il y avait l'office, pièce entourée de placards dans des boiseries peintes en gris (à moins que ce ne fut un blanc sale !) meublée d'une table ronde et de chaises. Dans cette cuisine, j'appris à éplucher des légumes avec un tout petit couteau qui me blessa plusieurs fois, à l'époque les économes ou épluche-légumes n'existaient pas, aussi il était très important de faire des épluchures aussi fines que possibles.
Tous les matins Louise partait faire son marché rue de Lévis. Longtemps après lors de l'achat de notre premier "Frigidaire" en 1959, je compris que c'était une nécessité car les aliments ne pouvaient se conserver longtemps
Dans un des placards de l'office fermé à clé ma grand mère d'origine alsacienne conservait un petit cahier rempli de son écriture "pattes de mouches",cela m'intriguait beaucoup, des recettes de famille disait-elle d'un air entendu.Il tenait compagnie à de nombreux livres de cuisine en plus ou moins bon état selon combien ils avaient été consultés . Seules ma grand mère et Louise en avait la clé!

Cela fait un peu vielle ronchon de critiquer mais tant pis. Je suis née à la fin de la guerre.Mon père et ma mère se sont  connus en prison , lui enfermé, elle comme marraine de guerre. Ces marraines écrivaient aux soldats emprisonnés pour leur remonter le moral, envoyaient des colis et finissaient par les visiter.Certains sont tombés amoureux, certains se sont mariés: mes parents. Ma mère était très jeune, 18ans. D'un milieu très pauvre (père cheminot,mère femme de ménage. Mon père lui, d'un milieu bourgeois. Mes grands parents paternels habitaient un cartier chic du 8ème à Paris, un très grand appartement. Mon grand père avait voyagé dans tous les pays asiatiques, en avait rapporté de nombreux meubles et objets que jeune je trouvais affreux. Ils ne furent pas d'accord pour ce mariage bien sûr, ils avaient raison car mes parents restèrent mariés 1an, ont eu   le temps de me concevoir et à l'age de 3mois j'étais fille de parents divorcés, aujourd'hui c'est banal, à mon époque non.Ma mère est partie pour d'autres aventures, je l'ai revue 11ans après. J'ai été élevée par mes grands parents paternels et à la maison ce sujet était tabou, je pensais même que peut être elle était morte, n'ayant aucune nouvelle même pas ses parents. J'ai donc grandi entre mes grands parents et Louise. Louise notre bonne était une vraie mère pour moi. Célibataire, divine cuisinière,elle m'accueillait dans son domaine "la cuisine" sur un coin de la grande table pour jouer ou faire mes devoirs, cela sentait toujours bon et je la plaignait d'avoir toujours les mains rouges! Petite cette cuisine me paraissait immense.  à suivre...

Un blog c'est quoi ? Jusqu'à aujourd'hui je n'avais pas la moindre idée de son fonctionnement et n'avais jamais eu la curiosité ou le temps de regarder. Que tout le monde puisse lire mon journal ? quelle horreur ! C'est anonyme ? En aucune façon on ne pourra savoir qui je suis ? Alors peut être...
Par quoi commencer. J'ai tellement de choses à dire : des conseils, des recettes, des expériences de vie.Vous vous direz que les journaux féminins regorgent de tout ca, mais moi qui adore la cuisine et la patisserie je trouve les recettes nulles, les éditeurs m'excuseront mais quelque fois les recettes proposées avec de jolies photos appétissantes ont été écrites par des femmes qui n'ont jamais tenu une casserole de leur vie ! Je soupçonne les chefs de ne pas donner les recettes entières ou de tricher sur les proportions...J'ai déjà vu ca lors de stages effectués chez de grands noms ! Bien sûr il y a un fond à exploiter mais si on les suit à la lettre ce n'est pas terrible. Je ne parle pas des recettes sur le net. Là aussi c'est tout et rien. Comment une jeune femme peut elle s'y retrouver ?

qu'elle panique à l'idée de tout ce monde qui peut lire ces lignes ! Je vais essayer jour après jour de me souvenir de tout. Les joies, les malheurs, tout ce qui a fait mon quotidien depuis 65 ans. Le tout émaillé de recettes de cuisine ou de pâtisserie qui ont fait la joie de mes proches depuis toujours.